Hier soir, je devais sortir boire un verre avec une copine, puis finalement, j’étais un peu crevée. J’étais toute seule à la maison et je suis tombée par hasard sur un téléfilm qui m’a happée en moins d’une minute : Marion, 13 ans pour toujours. Le titre m’a interpellé avant même que je ne vois la première image, je me demandais pourquoi “13 ans pour toujours”. Dès les premières images, j’ai fait le lien avec un bouquin que je voulais acheter mais que je n’avais pas trouvé sur le coup, puis j’avais oublié. Mais là, les premières images m’avaient déjà captivées et je n’ai pas quitté l’écran jusqu’à la fin, et j’en suis ressortie complètement bouleversée.
Ce téléfilm, c’est l’histoire de Marion, une adolescente de 13 ans qui vit dans une banlieue parisienne tranquille, avec des parents sympas, un frère et une soeur. Elle est pleine de vie mais le fléau du harcèlement scolaire lui tombe dessus au collège. Elle n’a rien fait de spécial mais elle est devenu le souffre-douleur, le bouc émissaire, la proie d’un groupe d’adolescents de sa classe qui sont devenus comme une meute qui s’acharne sur elle quotidiennement. D’une simple blague ou d’un simple reproche est né un harcèlement moral, puis physique, puis sexuel puis mental, la poussant jusqu’au suicide par pendaison, son seul moyen d’échapper à cet enfer. Je dis mental et pas uniquement moral car le harcèlement n’était plus scolaire mais permanent. Marion était harcelée à l’école, mais si auparavant, elle aurait pu se retrouver dans sa bulle, tranquillement chez elle, ce n’est plus le cas aujourd’hui puisque le harcèlement continue à la maison. SMS, Facebook ou Twitter sont autant de nouveaux moyens pour pratiquer ce harcèlement et le rendre d’autant plus virulent car il n’est pas considéré comme réel. J’ai trouvé le téléfilm particulièrement bien écrit et réalisé car il a bien montré la facilité à déclencher une situation de harcèlement, l’effet de groupe, les codes adolescents, la loi de la popularité pour être tranquille, les retournements de situation comme le fait de passer du côté des harceleurs pour se protéger (le cas de sa meilleure amie), l’incompétence du corps enseignant à détecter, réagir et agir, les efforts faits par les harcelés pour ne pas alerter, la difficulté des parents à identifier un tel mal-être (encore faut-il pouvoir se dire que c’est possible !) et surtout la détresse progressive de l’adolescente malgré son caractère et sa confiance en elle initiale.
J’ai vraiment été touchée par ce film, j’ai pleuré à plusieurs reprises, j’ai été en colère, triste, étonnée, dans l’incompréhension. J’espère qu’il sera diffusé massivement dans les établissements scolaires car il n’a pas du tout été tourné “niaisement” ou de façon scolaire justement. Les tabous sont abordés, les scènes sont violentes comme dans une série et très réelles. Le vocabulaire utilisé est vraiment celui des ados, sans réserve. Et finalement, regarder ce film fait aussi prendre conscience que finalement, on a sûrement été nous aussi victime de harcèlement ou harceleur dans le sens où on a pas forcément toujours mesuré l’impact que pouvait avoir une critique, une insulte ou une dispute avec un autre ado quand on avait 12-14 ans. J’avais moi-même un an d’avance et pendant, le film, je repensais à des scènes que j’ai pu vivre en début de collège, quand tu arrives dans un établissement, à la campagne, où tout le monde se connait pour avoir été en école primaire ensemble. Je revois particulièrement un garçon qui avait deux ans de plus que moi vu que lui avait un an de retard, qui m’appelait “Simone” car je ne devais pas sembler assez avancée par rapport à lui qui avait déjà 12 ans quand j’en avais 10 ! Heureusement, ça lui a vite passer ! Je revois aussi quelques filles qui étaient toujours ensemble et qui pouvaient parfois me laisser à part car j’avais pas les mêmes préoccupations. Encore une fois, elles avaient 13 ans quand j’en avais 12. Elles étaient formées, elles avaient des copains, pas moi, et pour le coup, c’était pas encore mon intérêt. Je pense aussi à cette fille au lycée qui a affiché mon numéro de téléphone à l’arrière de notre bus scolaire. L’avantage au lycée, c’est que l’ignorance est le meilleur atout, ça a marché. Et finalement, même à l’école primaire, ça commençait. Je me rappelle bien d’un gamin, en CE2 qui me donnait des surnoms idiots “pour rigoler”. Bien sûr, ça ne me faisait pas vraiment rire ! Et parfois, je me souviens même de harcelé devenu harceleur. J’avais une copine qui était particulièrement harcelée à l’école. Dès l’instant où elle est devenue plus “populaire”, elle ne s’est pas posée la question de l’impact que pouvait avoir ses paroles qu’elle débitait pour “faire l’intéressante”. J’en ai subi quelques-unes, assez rares, mais je me souviens d’une. Suite à une journée où elle avait dormi chez moi, on avait pris nos douches en même temps. Elle avait 14 ans, moi 12, toujours un an de retard vs un an d’avance, et elle a déballé devant d’autres personnes qu’elle avait ri car “je n’avais pas de poils ni de poitrine” ! 12 ans, 1m55 et 40 kilos tout mouillé, non, je n’étais pas encore formée ! Des scènes finalement anecdotiques mais avec le recul, je me dis que sur une personne avec un manque de confiance en elle, l’impact aurait pu être terrible. Et à l’inverse, je me suis aussi mise à penser à des choses que j’ai pu dire, des personnes dont j’ai pu me moquer, je ne me souciais peut-être pas de l’impact que mes propos avaient, j’ai peut-être été dure, j’ai peut-être moi aussi responsable du mal-être de quelqu’un. Ou si je ne l’ai pas été, j’en ai laissé d’autres l’être devant moi. Je me souviens d’une fille en troisième, un peu handicapée de mémoire et dont les parents étaient sûrement très simples puisqu’ils n’habillaient pas forcément leur fille de façon moderne, ils ne la coiffaient pas de façon sympa, et beaucoup de la classe lui donnaient un surnom débile qui symbolisait le fait qu’elle ait une coiffure digne d’une aisselle poilue ou pire encore. J’ai souvent entendu ça devant moi, et force est de constater que je ne me souviens pas avoir dit un jour “Bon, c’est bon, elle mérite pas ça …”. J’ai aussi été sensibilisée à cela parce que j’ai été monitrice de gym pendant 8 ans. Il n’y avait pas de harcèlement dans notre groupe heureusement, mais on sent que tout peut déraper rapidement, que ce soit une remarque, un reproche, une critique. Entre celles qui avaient le droit de se maquiller et les autres, celles qui étaient formées alors que d’autres ne l’étaient pas, celles qui avaient plus de libertés via leurs parents ou tout simplement celles qui avaient plus confiance en elles et qui pouvaient être un peu dures sans forcément s’en rendre compte. C’est complexe d’avoir la bonne attitude des deux côtés, ne pas donner l’impression qu’on laisse faire au détriment des unes et ne pas non plus sanctionner trop les autres mais juste “éduquer”. Parce que oui, pour moi, les ados s’éduquent encore, pas seulement avec leurs parents, mais aussi avec leurs profs, leurs moniteurs de sports, leurs familles, etc … On est tous concerné finalement !
En fait, ce que je me disais en voyant ce film, c’est qu’effectivement, il faut être vigilant pour identifier des personnes harcelées et être dans la prévention pour les inciter à en parler. Mais je crois aussi qu’il faut tenir compte des témoins de harcèlement scolaire, car ce sont à mon avis eux qui peuvent être clés dans la résolution d’un phénomène de harcèlement. Évidemment, tout cela est bien plus facile à dire qu’à écrire mais j’avais envie d’en parler, de partager mes courts souvenirs (et heureusement !) en la matière pour se dire que oui, ça peut arriver à chaque enfant, qu’il soit citadin, à la campagne, dans le privé, le public, au collège ou même en primaire. D’ailleurs, dans le débat télévisé qui a suivi le film, où Julie Gayet et Luàna Bajrami jouent d’ailleurs très bien, il y avait le témoignage glaçant d’Océane, lycéenne de 15 ans et autrefois victime de harcèlement scolaire du CE2 à la 5ème. Insultée, victime de harcèlement sexuel par d’autres enfants voulant toucher la poitrine naissante de cette adolescente précoce, voire même battue dans la cour d’école par d’autres enfants. Non seulement, elle a eu le courage d’alerter la direction de son école en arrivant couverte de bleus et en marchant épaulée par une personne, mais aucune sanction n’a été donnée. J’étais indignée devant ma télé et je dis bravo pour à ce petit bout de nana qui n’a que 15 ans et déjà le courage de venir témoigner face caméra. Elle est allée jusqu’à expliquer comment sa tentative de pendaison a échoué car “la ceinture a lâché”, face à Nora Fraisse, la maman de Marion qui se bat aujourd’hui pour les autres victimes et pour éviter qu’il y ait d’autres victimes de harcèlement scolaire et cyber-harcèlement. Et aussi pour cela, j’avais envie d’en parler et de partager cette association qui a l’air de faire un sacré boulot sur le terrain : Marion La Main Tendue.
Je sais qu’il y a des 14-18 ans qui passent sur ce blog ou sur mon compte Instagram. N’oubliez pas ce leitomiv essentiel au cours d’une vie “Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse à toi-même.”. Je le garde toujours en tête et il est d’ailleurs repris dans le film, c’est pour moi essentiel et valable dans la vie amoureuse, amicale, familiale, professionnelle et personnelle. La vie vaut le coup d’être vécue si on en profite … tous ! N’oubliez pas que plus on est, plus on rit, et que c’est aussi par la différence qu’on s’exprime ! Soyez vous-mêmes mais laissez aussi aux autres l’opportunité de pouvoir être eux-mêmes, même si cela signifie être différent de vous.
Si vous aussi, vous avez regardé ce film ou lu le livre, n’hésitez pas à me donner votre ressenti ou à raconter votre histoire, vos souvenirs d’école.
Je vous embrasse !
Maud(inette)
Coucou Maud !
J’ai vu ton post sur insta et ça m’a rappelé un autre reportage que j’avais suivi parlant aussi du harcèlement scolaire. Je suis actuellement en train de regarder “Marion 13 ans pour toujours”. Je suis aussi très touchée par ce sujet là car moi-même je ne garde pas forcément que des bons souvenirs de l’école… On peut dire que j’ai aussi été impacté par cela mais plus vers le lycée… pendant deux ans on peut même préciser. J’ai toujours été un fille assez discrète et réservé pas très ouverte aux autres et je ne quittais pas mon petit groupe d’amis. Sans trop rentrer dans les détails j’ai été embêté par un garçon qui tous les jours choisissait une “cible” dans la classe et n’arrêtait pas de la vanner, critiquer, monter des rumeurs contre toi et j’en passe… Sauf que souvent le bous émissaire c’était la plupart du temps moi, car étant discrète et réservé je n’osais pas lui répondre du coup il pouvait en quelques sortes se défoulait. Les choses m’atteignaient énormément et je ne disais rien… Lorsque j’ai eu mon bac et que j’ai quitté le lycée, la première chose à laquelle j’ai pensé c’est que je ne le verrais plus jamais…
Ce que je pourrais dire à ce sujet et que c’est encore un phénomène mal connu et ou on minimise pas mal les impacts. C’est pourquoi il ne faut pas le banaliser et inciter à en parler. 🙂
Auteur/autrice
Evidemment, c’est toujours plus simple de s’en prendre à plus faible que soi. Mais finalement, lequel des deux est le plus faible … C’est sûr que c’est trop banalisé.
Merci d’avoir pris le temps de partager ton histoire et à bientôt 🙂
Maud
C’est super de ta part de faire cet article pour les jeunes qui te suivent, mais aussi pour nous maman (faut voir déjà ce qu’ils se mettent en bas âge…)
Nos “petites” expériences sont pourtant marquantes… Par exemple moi contrairement à toi, j’ai été très tôt très développé; à mes 11 ans je faisais déjà un bonnet D… J’ai essuyé de nombreuses critiques, moqueries et méchancetés à ce sujet… Je ne l’ai jamais accepté, et j’en suis toujours très complexe même 15 and plus tard !
Enfin je pense qu’on a tous nos lots de souvenirs, mais en parler et encourager nos jeunes c’est hyper important.
Ce film etait bouleversant.
Auteur/autrice
C’est sûr que les formes de harcèlement commencent très tôt.
Comme quoi, des remarques anecdotiques pendant une enfance peuvent marquer à jamais … J’espère que tu arrives tout de même à être heureuse 🙂 … En tous cas, c’est adorable d’avoir pris le temps de lire et de partager ton expérience. C’est utile <3
Maud
Un très bel article Maud. Je n’ai pas vu le film ( et je crois que j’aurai trop pleuré également …) mais connaît l’histoire tragique de cette jeune fille et de sa famille. Maman de 2 enfants (14 et 11 ans ), je leur répète souvent ” ne fais jamais a une personne ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse”. J’espère que ce film sera passé dans les collèges et lycées ( même si des passages sont violents …) et que certains prendront conscience de la gravité de leurs actes.
Hello !
Ton article m’a donné envie de regarder le replay du coup je comprends que tu ais été bouleversé, ca retourne vraiment et tire les larmes.
Malheureusement le harcelement moral à tjrs plus ou moins exister (l’ayant un peu vécu aussi), et que je tire sur ton sac dans les escaliers, et que je detache les cheveux, surement divers insultes également que mon cerveau a probablement occulté… Ya pas plus vache que des enfants/ados entre eux.
Mais comment des ados peuvent ils faire preuve d’une telle haine et violence, aucune once d’humanité, on dirait une meute sauvage sans limite…Impressionnant d’imaginer qu’il puisse vraiment se passer ca dans nos établissements (je travaille en primaire et ai travaillé en secondaire) d’ailleurs dans le film ca manque bizarrement de surveillant ! Cela dit surveillants ou maitresses d’apres le temoignage d’Oceane personne n’a été utile sur le moment de ses agressions !!!!
Et pour en rajouter dans le bouleversant, il y a justement eu ce matin un drame dans un lycée réputé à coté de chez moi, une ado de 14ans ce serait défenestré (pas encore officiel) c’est glaçant, juste apres cette diffusion justement…
En tout cas ca motive à ouvrir l’oeil encore davantage face aux enfants qui m’entourent….
Je tacherai de lire le livre à l’occasion !
Je plussoie totalement ton leitmotiv !!
Merci pour ton article 🙂
Bonne soirée (un peu plus joyeuse je l’espere 😉 )
Alex
Je n’ai pas regardé le téléfilm hier soir, rentrée trop tard du boulot. Mais je pense le regarder en replay dans le week-end. C’est un sujet qui me touche parce qu’au collège j’ai été victime. Meme si dans mon cas cetait loin d’être aussi important que ça, il faut dire que comme tu le dit dans ton article, à l’époque (je suis trentenaire^^) il n’y avait pas les portables et les réseaux sociaux…
Mais à mon entrée en 6eme je mesurai déjà 1m70 donc je dépassais tout le monde et j’ai toujours été assez ronde. Du coup j’ai été la cible des moqueries permanentes des filles “populaires” durant quasi tout mon collège. Ce n’était que des mots mais ça blesse énormément, surtout quand on est une jeune fille pas bien dans ses baskets et assez sensible. J’ai toujours fait bonne figure devant ma famille et je ne disais rien et ne montrais rien, pourtant mes parents ont toujours été la pour moi mais j’avais honte. Je pleurais en cachette et arrivée en troisième j’en étais arrivée à m’automutiler… Heureusement le lycée est arrivé, j’ai changé de ville et de lycée de secteur. Changement de personnes et d’environnement.
Mais tout ça m’a quand même marquée parce que je suis quelqu’un d’assez solitaire, j’ai beaucoup de mal à faire confiance aux autres et je continue à me sous estimer… mais avec les années qui passent je prends du recul et je réapprends à me faire confiance et aux autres.
En tout cas très bel article, qui m’a énormément touchée. J’espère que les jeunes qui te suivent seront marqués par tes lignes et comme tu le dit que ce téléfilm doit être diffusé massivement dans les milieux scolaires afin de sensibiliser au maximum les ados.
Bonsoir Maud,
J’ai toujours aimé lire tes articles, regarder tes photos sans commenter…généralement Je met un simple like mais comment ne rien dire sur cet article???
Déjà bravo pour le courage que tu as eu d’avoir raconter ta propre expérience, il n’es jamais facile de dire en public ces petites plaisanteries auquel on à droit à l’école ( pas vraiment agréable pour ceux qui subissent).
J’avoue j’ai était tout comme toi victime de mauvaise plaisanteries d’autres plus cruelles que certaines. Et j’ai moi-même participer à certaines blagues … Quand on à 12 ou 13ans malheureusement ont ne realise pas toujours l’importance de nos mots où de nos actions…. Et même souvent les professeurs où les parents ne prennent pas ça au sérieux comme ils devraient le faire. Ont à tous tendance à minimiser la chose.
Et malheureusement l’harcelement peut aussi continuer à l’âge adulte sur les lieux du travail…avec les textos où Facebook ( comme tu l’a préciser) ça devient façile!!! Et la encore certaines personnes responsable vont minimiser la chose et ne rien faire pour arrêter ça…. ( je viens malheureusement de voir ça à mon travail…j’étais choqué indigné de voir que les personnes qui ont le pouvoir de faire quelques choses n’ont rien fait absolument rien comme si ils cautionner les actions et paroles de l’harcelleur. .
Ont dois faire attention à chaque étape de notre vie en réalitée et pas seulement à l’école.
Merci pour ton article…ça fait un bien fou de lire ceci
Je te suis depuis longtemps mais je n’ai jamais laissé de commentaires mais là je voulais te remercier de profiter de ton statut de “bloggeuse”, “instragrameuse”, “personne à suivre”, etc pour parler d’un sujet aussi important. J’ai moi même regarder le film et je me suis sentie impuissante face à toutes ces violences.. Mais il faut en parler. Les réseaux sociaux doivent servir à ça, à expliquer aux victimes de harcèlement que ce n’est pas leur faute et qu’il faut en parler autour d’eux.
Reste comme tu es et merci pour tes supers articles !
Coucou , je viens de voir le replay c’est vraiment bouleversant . Et bravo à la jeune oceane pour son témoignage . C’est vrai qu’en étant jeune et en groupe , on critique , on rigole mais on ne ce rend pas compte de l’impact que ça peut avoir .
Personnellement j’ai vécu une situation au lycée , je ne dirais pas du harcèlement, mais sur un malentendu avec deux de mes tes bonne amies en fin de bel, j’ai vécu ma première année de bac pro tres mal . En fait elles avaient raconter ce malentendu à la forte tête de la classe ,( celle z qui ont ont toutes presque obéir et surtout ne pas tenir tête) et bien j’ai eu la surprise à la rentrée de découvrir que personne ne me parlait meme les nouvelles élèves (elles ont bien étaient brifees des les premières heures ) on parlait de moi , j’avais des moqueries car j’ai un œil malade , et comme je ne m’inposais pas et n’osais rien dire , jai loupé pratiquement toute ma première année de bac. J’en avais parlé à l’infirmière qui pas digne de confiance en avait parlé à la Cep qui m’avait clairement menacée de me faire virer si je continuer à ne pas venir et à m’accuser de modifier moi meme les certificats signes de min medecin , et quand j’ai eu le courage de dire le nom de la forte tête elle m’a dit que c’était pas possible !!!
J’ai clairement fait une dépression , et meme ma mère ne m’a jamais cru , c’est difficile .
Alors je comprend les jeunes qui ne savent pas à qui parler car finalement cest tres dur d’avoir l’écoute et la confiance d’un adulte responsable !
Desolee pour ce pavé 🙂
Bisous
Bonsoir Maud ! 🙂
J’ai été beaucoup touchée par ton article !
Je n’ai pas vu le film, ni lu le livre mais je m’intéresse beaucoup au sujet, je vais d’ailleurs le regarder des que possible.
C’est assez rassurant de lire ta petite histoire, car cela permet de se rendre compte de ce qu’on a vécu, et de prendre du recul par rapport à tout cela.
Je n’ai pas été victime d’harcèlement grave, mais j’ai aussi vécu des petites choses tout comme toi. Ces choses nous semblent minimes sur le coup ou on se dit que ce sont des “futilités d’adolescents” mais avec les années qui passent et en entendant parler de plus en plus du sujet dans les médias on se rend compte que c’etait en fait bien plus grave que ce qu’on pensait.
J’ai souvent été rejetée, la 3e roue du carrosse comme on dit, pour une raison qui m’était (et qui m’est toujours) inconnue. Je ne le suis plus maintenant, mais on se demande ce qui pousse les jeune à rejeter telle ou telle personne. J’étais loin d’être la plus populaire, je portais des lunettes et avait un appareil dentaire (tout comme beaucoup d’autres ado) mais cela était sujet à des moqueries, pourquoi? Toujours l’éternelle question.
Je suis d’accord avec toi, il y a un soucis dans le corps enseignant (ou autre), qui n’est pas assez regardant à ce genre de problème. Le fait qu’il n’y ait pas de sanction si même de mesures prises par rapport à ce genre de fait, est totalement scandaleux ! Marion est loin d’être la seule à qui cela est arrivé, et cela ne fait pas réfléchir les autorités ? :-/
Merci beaucoup pour ton post, je le trouve très pertinent.
Bonne soirée !
J’ai également regardé ce film ! J’ai beaucoup aimé, j’ai pleuré aussi tellement j’ai été touché, choqué et dégouté à certains moments ! Ce que je peux reprocher au film c’est qu’il ne montre pas assez la culpabilité des enfants et du collège. Je trouve qu’il aurait fallu insister un peu plus sur l’après. Par exemple lors de la rencontre avec la maman et les enfants au parc, je trouve qu’ils font encore trop les malins, j’ai pas eu l’impression qu’ils regrettaient beaucoup à part sa meilleur amie.
Avec ce film je me suis rendue compte que j’ai été victime d’un harcèlement léger avec quelques réflexions et parfois des situations de violences du fait de ma timidité mais j’ai moi-même lancé des réflexions pas agréable à certaines personnes…. Effectivement on ne s’en rend pas compte quand on est adolescent de l’impact de nos paroles mais ça n’excuse pas tout.
Bel article en tout cas ! Bisous
Bonjour,
J’ai lu le livre qui est très bien écrit et le film où les jeunes acteurs jouent très bien. J’espère qu’ils serviront de prévention contre le harcèlement scolaire, un sujet qui me touche particulièrement puisque j’en ai été moi-même victime en maternelle, primaire et surtout au début de mes années collège (sixième et cinquième). En maternelle et en primaire, j’avais eu le droit à de petites moqueries, mais ça allait encore.
C’est en entrant au collège que les choses étaient devenues extrêmement graves. J’étais excessivement timide, je ne m’habillais pas à la mode et j’avais de l’acné. Alors, mes “camarades” de classe s’en étaient pris à moi, m’insultaient, me frappaient, me faisaient sans arrêt des croche-pieds. Sur le chemin du collège, je ne pensais pas si j’allais réussir mon prochain contrôle de maths, mais combien de coups, d’insultes et de croche-pieds j’allais encore devenir subir dans la journée. J’étais la “salope”, la “pute”, la “conasse”, “l’arriérée mentale” etc. Comme je parlais très peu, un harceleur me surnommait même “la meuf qui sait même pas parler” et il disait à ses potes qu’il ne fallait surtout pas toucher à mes affaires pour “ne pas attraper le virus de pas pouvoir parler” (et pourtant il n’hésitait pas à me faire des croche-pieds, quelle cohérence…).
Je me souviens que j’errais près d’une poubelle lors d’une récréation et qu’il était arrivé avec un pote en pouffant de rire et en disant : “C’est là qu’elle habite, dans la poubelle de la concierge !”
Nous étions dans une classe de sixième avec un projet théâtral et un jour, notre prof de théâtre avait dit à la classe que la timidité était une sorte de handicap. Alors, cela accentuait le harcèlement scolaire, puisque je me souviens qu’après cet événement, ce harceleur répétait sans cesse : “Elle sait pas parler, elle est handicapée !”
Un jour, après les Interclasse de Relais, comme je ne courais pas assez vite, j’avais été huée. On me hurlait : “Espèce de grosse conasse, c’est de ta faute si on a perdu, tu vas nous le payer grosse pute !” (avec des croche-pieds et jets d’objets).
En cinquième, c’était encore pire. J’avais un jour failli perdre un œil à cause d’un mec qui s’était amusée à lancer un compas près de moi en plein cours. Dans d’autres cours, lorsque les harceleurs étaient placées près de moi, ils s’amusaient à tirer ma chaise, à faire tomber 50 fois ma trousse par terre pendant l’heure de cours et j’en passe. Mais comme j’étais très timide, beaucoup de profs rejetaient la faute sur moi et une de mes profs m’avait même envoyée voir la psy du collège à l’époque. Ce qui, encore une fois, donnait raison aux harceleurs, puisqu’ils se disaient : “Même les profs l’envoient chez un psy, ça prouve bien que c’est elle la folle !!!”
Dans ma famille, je n’étais pas soutenue non plus, mon père était assez violent psychologiquement avec moi (contrairement à mes harceleurs, son but n’était pas de me faire du mal et il ne se rendait probablement pas compte du mal qu’il me faisait, mais c’était quand même une double souffrance puisque je devais subir le harcèlement à l’école et ses cris le soir. Je n’avais donc aucun répit, quasiment aucun moment de calme).
Vous demandez-vous pourquoi les personnes qui font du bruit sont exclues des bibliothèques et que le moindre bruit est interdit dans ces lieux ? La réponse paraît évidente.
Donc, en cinquième, j’avais des résultats scolaires terribles, environ 6 / 20 de moyenne générale, mais ça ne reflétait absolument pas mon niveau réel. En primaire, j’étais une bonne élève, même très bonne en CM1, mais sous les coups, les cris, les croche-pieds etc, il était évidemment impossible de se concentrer !
Et puis, cette année-là, même mes propres amies s’étaient retournées contre moi, ce qui avait été le plus blessant. Ma meilleure amie depuis l’enfance s’était liée d’amitié avec une autre fille de la classe. On avait fait du roller ensemble, on était allées passer des journées l’une chez l’autre etc.
Et puis, un jour, cette autre fille s’était mise à passer dans le groupe des harceleurs et à m’insulter. Je me souviens particulièrement d’un jour où je marchais dans la rue, et sur le trottoir d’en face, elle m’avait hurlé : “SALE PUTE” en pouffant de rire avec sa bande. J’avais été terriblement honteuse. Et ma soi-disant “meilleure amie” ne me défendait pas et continuait à la suivre…
Des mecs avaient aussi dit que ce serait cool de me voir pleurer, de me voir souffrir et même que je meurs.
Entrée en quatrième. Ma classe est meilleure et je ne suis plus harcelée. J’étais tellement habituée à être harcelée que je me demandais même pourquoi je n’étais plus harcelée, pourquoi personne ne m’insultait, pourquoi ne me frappait, imaginez…
Je suis tombée dans la dépendance affective, je me suis attachée à une prof qui pour une fois prêtait attention à moi. Elle était très gentille, attentionnée, je nageais dans un bonheur totale. Malheureusement, c’était un faux bonheur, un mirage, une illusion d’optique qui cachait une immense souffrance. J’ai fait des erreurs, je l’avais trop collée, mais j’étais dans un manque affectif très intense après ces deux années de harcèlement très intenses, j’avais tant besoin d’amour, de soutien, de reconnaissance, qu’on me prouve que je n’étais pas qu’une merde…
Mais c’était hélas allée trop loin. J’avais fini par lui écrire trop de lettres et même une lettre d’amour. Elle était donc allée se plaindre à la principale du collège en refusant de me parler, en m’ignorant du jour au lendemain. J’étais tombée de très haut et c’est alors là que j’étais tombée dans une dépression très sévère avec scarifications très profondes. J’étais devenue presque anorexique.
Au début de ma première année de troisième, c’était l’enfer. J’étais jalouse des élèves de cette prof qui n’était plus ma prof au point de vouloir me suicider. J’avais dû être hospitalisée trois mois dans un hôpital pour adolescents de ma ville (hospitalisation qui ne s’était d’ailleurs pas très bien passée : à 13 ans, on me droguait déjà de Tercian trois fois par jour, un neuroleptique qui shoote…)
J’avais eu 14 ans à l’hôpital. J’avais réécrit une lettre à la prof et la principale m’avait alors convoquée avec mes parents, mon prof principal et les infirmières. C’était une réunion vraiment terriblement atroce. Elle m’avait dit sur un ton très sévère : “Je ne veux plus que tu aies affaire à elle. Au moindre faux pas, on te change de collège, on t’as trouvé une place dans un autre collège”.
Je m’étais mise à pleurer, mais personne ne réagissait à mes larmes. Il y avait aussi le principal qui m’avait dit (oui, il y avait 2 principal de collège, je n’ai jamais compris pourquoi) en souriant et en me forçant à dire le nom de la prof alors qu’il savait que ça me faisait du mal : “Il ne faut plus qu’il y ait le moindre contact entre vous”. C’était vraiment l’enfer.
Un jour, j’étais descendue à l’infirmerie et j’y avais vu la prof dans le parking des profs. Je m’étais mise à pleurer et l’infirmière m’avait dit : “Arrête de pleurer, ça changera rien”.
On m’interdisait aussi de parler de la prof à mes amies (et après on s’étonne que je n’ai pas d’amis ? Durant ma période de harcèlement scolaire, ça faisait aussi partie de mes surnoms “la sans-amie”). On me disait que si j’osais parler d’elle même à mes amies, ce serait le renvoi définitif. C’était une année horrible et aujourd’hui, quand j’y repense, je suis toujours extrêmement choquée. Pourtant, cette histoire a eu lieu il y a huit ans : j’avais 14 ans, j’en ai aujourd’hui 22 ans. Mais je souffre encore de la manière dont j’ai été traitée, même si je ne ressens plus rien pour cette prof. Récapitulatif :
On m’insulte, on me traite de “pute”, de “salope”, de “conasse”, “d’handicapée mentale”, “d’arriérée mentale”, de “meuf qui pue, qui sait pas parler, qui sait pas s’habiller, qui sert à rien et qui habite dans une poubelle”, on me fait des croche-pieds, on me balance des objets à la figure dont un compas qui avait failli me transpercer un œil, on m’humilie, on m’exclue pendant plus de deux ans. Et il ne se passe rien. Absolument rien.
Puis, en grave manque affectif, je m’attache à une prof, je lui écris un peu trop de lettres, lui offre un peu trop de cadeaux et là c’est le drame, c’est un harcèlement ô combien pire que des insultes et des coups qui durent deux ans, je suis une odieuse criminelle qu’il faut impérativement menacer de virer du collège si elle récidive son horrible crime.
Oui, oui, on m’avait menacée de me virer du collège pendant que mes véritables harceleurs, qui eux m’avaient insulté et frappé pendant plus de deux ans, continuaient leur scolarité en toute impunité dans ce même collège et sans la moindre menace.
On risque alors de me dire : “mais comment voulais-tu qu’ils le sachent si tu n’en avais jamais parlé ?”, ce qui pour moi n’est pas une excuse valable, parce qu’un ou une élève victime de harcèlement scolaire se repère très vite.
Un exemple très simple : en cours de sport, personne ne voulait de moi. Les profs devaient toujours choisir une équipe pour moi et celle-ci s’écriait toujours “Oh non, pas elle !” ou “Oh non, pas cette folle qui pue”…
Ils voyaient donc très bien que j’étais exclue, mise à l’écart et rejetée. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
Donc je considère avoir vécu une double peine au collège : non seulement l’enfer du harcèlement scolaire qui est déjà très lourd à porter en lui-même, mais également l’enfer que l’on rejette la faute sur moi et que ce soit moi qu’on prenne pour la harceleuse. J’avais peut-être fait des erreurs, c’est vrai, mais de là à me menacer de me virer du collège pendant que mes véritables harceleurs continuaient leur scolarité en toute impunité, là il y a un vrai problème…
C’est aussi pourquoi je me reconnais doublement dans ce film, même si la suite de l’histoire n’est pas vraiment la même. Nora Fraisse souffre déjà terriblement du drame qu’est la perte de sa fille et devoir se confronter aux regards des harceleurs qui l’ont indirectement tuée doit être vraiment terrible, mais en plus, même le corps enseignant ne reconnaît pas que Marion a bel est bien été victime de harcèlement scolaire (et cela même malgré la lettre que Marion a laissée !)
Nora Fraisse dit : “Quand on vous dit “ça vient de la famille”, c’est terrible. C’est comme si vous aviez le ventre ouvert et qu’on vous jetait du sel à l’intérieur”. C’est ce que j’ai ressenti et je n’oublierai jamais cette histoire, même près de huit ans plus tard.
Heureusement, malgré cet enfer, je ne garde pas QUE d’horribles souvenirs de mes années collège (même s’ils représentent hélas beaucoup), car j’avais quand même eu la chance d’avoir des profs supers sympas et quelques moments où je n’étais pas harcelée. C’est peut-être ça qui m’avait permis de tenir, même si globalement c’était l’enfer.
J’avais redoublé ma troisième à cause de tous ces problèmes. De toute façon, j’avais comptabilisé plus de 60 demi-journées d’absence par trimestre, alors je n’avais pas vraiment eue d’année scolaire. Comment voulez-vous vous concentrer quand même le personnel du collège vous traite comme une sous-merde ? Oui, pour moi, en me menaçant de me virer du collège et en laissant tranquille les harceleurs, ils leur donnaient raison. C’était moi la sous-merde, moi la coupable, ce qui décuplait mes envies suicidaires. Heureusement ou malheureusement, je n’ai jamais eu le courage de passer à l’acte même si ce n’est pas l’envie qui manquait, mais honnêtement, je suis quasiment persuadée que s’ils m’avaient réellement changé de collège à l’époque, je l’aurais fait. Je n’aurais pas pu le supporter. Non pas seulement car je n’aurais plus pu voir la prof (même si ça en faisait partie), mais également pour toutes les raisons que je viens de citer : ça aurait confirmé que je n’avais pas le droit de vivre, que je ne valais vraiment rien, que j’étais une sous-merde et que même mes ex-harceleurs valaient mieux que moi, puisque la principale et le principal ne les menaçaient pas de les renvoyer de l’établissement scolaire.
Cette année-là, ma meilleure amie avec qui j’étais redevenue meilleure amie en quatrième m’avait à nouveau rejetée, en me disant que c’était de sa faute si elle allait mal, qu’elle allait voir un psy à cause de moi etc. Elle me culpabilisait, comme si je me scarifiais et étais hospitalisée dans le but de la faire souffrir !
Un jour, à la cantine, alors que nous mangions à trois, elle s’était mise à pleurer. Le soir même, sur MSN, l’autre fille avec qui nous mangions m’avait dit en parlant de ma meilleure amie : “Tu as vu l’état dans lequel tu la mets ? Tu veux la tuer ou quoi ?”
Elle aussi me culpabilisait. C’était moi qui me mutilais, moi qui étais hospitalisée, moi qu’on menaçait de me virer du collège, mais c’était ENCORE moi la coupable, même selon mes amies ! J’avais finie par couper les ponts avec elle, après tout mieux vaut ne pas avoir d’amies que d’être mal accompagnée.
Cette année-là, à ma première année de troisième, il y avait aussi une fille de ma classe qui me collait sans arrêt, je ne sais pas pourquoi. Elle me posait des questions très intimes et indiscrètes sans gêne. Un jour, en cours de technologie, je n’avais pu me retenir de pleurer durant toute l’heure. Elle était à côté de moi et ne cessait de me demander les raisons pour lesquelles je pleurais. Au début, je refusais de lui dire puisque je n’avais pas le droit d’en parler, mais elle me saoulait tellement que j’avais finalement fini par céder. Et bien, elle était allée répéter à tout le collège que j’aimais une prof et après ça, il y avait même des élèves que je ne connaissais pas qui venaient me voir pour me parler de la prof et se moquer de moi ! Ils pouffaient rire en prononçant le prénom de la prof, ça les amusait. C’était encore un enfer. Et la prof, elle m’ignorait totalement pendant que je la voyais rire aux éclats avec d’autres élèves, ce qui me faisait très mal et me donnait envie de mourir.
J’avais alors avalé treize de mes antidépresseurs. J’avais seulement 14 ans et je m’étais à nouveau retrouvée à l’hôpital, cette fois-ci aux urgences en pleine nuit. On m’avait mise dans une chambre seule sans prendre le temps de m’écouter et on m’avait mis un cathéter dans la main qui me faisait très mal. On ne me l’avait retiré que le lendemain matin et j’avais passé une semaine de plus dans l’hôpital de ma ville pour adolescents où j’avais déjà été enfermée en début d’année scolaire. C’était vers le jour de l’an.
Un autre jour, j’avais voulu sauter par la fenêtre à la fin d’un cours d’espagnol, mais on m’avait retenue. C’est vrai, c’était très bête d’avoir fait ça, mais je n’en pouvais plus. Nouvelle réunion, nouvelles menaces, nouveaux cris, nouveau procès pour la coupable. L’horreur.
Il y a eu une période d’accalmie en toute fin d’année, où cette prof m’avait reparlée après des mois de silence, j’étais heureuse. Mais c’était encore un mirage, une illusion, parce qu’elle avait été mutée. Ces instants de pur bonheur n’avaient donc hélas été de courte durée.
Rentrée de seconde année de troisième. Elle n’était plus là. Elle qui comblait mon vide intérieur (c’est le mécanisme du “transfert affectif”) n’était plus là. J’étais vide, malheureuse, anéantie, j’avais envie de mourir. Je ne travaillais pas, je rendais copie blanche, je m’absentais très souvent et mon premier bulletin avait été catastrophique. Jusqu’à ce jour de février 2010 où une autre prof s’était mise à prêter attention à moi, à me dire qu’elle voulait m’aider, qu’elle était triste de me voir aussi malheureuse. Alors, ma tristesse s’était un peu apaisée, j’étais contente. Hélas, c’était encore un mirage, une putain d’illusion.
Grâce à elle, je m’étais remotivée : comme elle me défendait au conseil de classe et qu’elle croyait en moi, j’étais contente et je faisais des efforts pour elle. Juste pour elle, puisque même si les élèves de ma classe étaient sympas à cette période-là, je n’avais pas vraiment d’amies, n’étant pas guérie du harcèlement scolaire. Quant à ma famille, c’était toujours très tendu entre nous, notamment avec mon père qui continuait à être violent psychologiquement avec moi et à hurler : “On va te prendre pour une folle et tu vas finir enfermée !” dès que j’avais de mauvaises notes ou qu’un prof lui disait que je ne participais pas en classe. C’était donc l’horreur. La première prof me manquait toujours, mais ça allait de mieux en mieux grâce à l’autre.
J’avais obtenu mon Brevet avec 31 / 40 en français, j’étais heureuse ce jour-là. J’avais tout de même passée de bonnes vacances aux Etats-Unis avec mes parents et ma sœur et j’étais passée en 2nde générale.
Au lycée, durant mon année de 2nde, je continuais à aller voir cette prof toutes les semaines. Au fil du temps, je ne pensais plus du temps à la première prof. J’avais donc fait un autre transfert, dont je souffre encore hélas à l’heure actuelle.
Cette prof était très gentille avec moi, elle essayait de m’aider, elle me disait qu’elle tenait à moi et qu’elle ne me laisserait pas tomber. Je crois que c’est ce qui m’aidait à tenir au lycée où les horaires étaient assez chargées et le niveau de travail assez exigeant pour une personne dépressive qui a du mal à se concentrer. La dépendance affective, c’est une horreur : quand la personne que vous aimez est gentille avec vous, vous êtes au paradis, c’est le comble du bonheur. Mais quand elle est méchante, c’est l’enfer, vous plongez dans un désespoir sans fin dont vous pensez que la seule et unique issue est la mort. La dépendance affective est liée à de fortes carences affectives dont peut faire partie le harcèlement scolaire.
Ainsi, en fin d’année, le 16 juin 2011, lorsque je lui avais demandé si je pourrais la voir durant les vacances, elle avait refusé en me parlant d’une manière très brusque : “Là, je veux bien te voir parce qu’on te laisse entrer, mais après c’est les vacances, c’est ma vie privée ! Je sais que c’est quelque chose que tu comprends pas, mais c’est comme ça, c’est les règles”.
Je ne pouvais plus respirer, j’avais cru qu’on allait devoir appeler les pompiers. Tout le monde s’était moquée de moi, parce que j’avais aussi la mauvaise tendance à parler de mes soucis personnels sur divers forums d’entraide sur la dépression, ce que je n’aurais jamais dû faire (bon là aussi je le fais, mais c’est différent car il s’agit uniquement d’un témoignage et je le poste car j’espère qu’il servira de prévention).
Mais sur les forums Internet, j’avais eu le droit à ce genre de paroles destructrices : “Elle a raison ta prof, c’est ta prof pas ta mère ni ton amie, lâche-lui la grappe pauvre folle ! Franchement à sa place j’aurais déjà porté plainte !”, “Tu n’es qu’une gamine égoïste, capricieuse et immature qui n’écoute aucun conseil, qui ne cherche qu’à se faire plaindre et qui réagit comme une enfant de 3 ans à qui on aurait refusé un bonbon ou un jouet”.
Pire, j’avais même eu droit à : “Au lieu de faire ta sale gamine, tu attends quoi pour te suicider sérieusement ? soit tu le fais, soit tu as tes raisons de ne pas le faire et dans ce cas tu ne le fais pas, mais dans ce cas fiche une paix royale aux autres”.
Méfiez-vous des forums d’entraide sur la dépression ou l’automutilation, les harceleurs et les pervers qui se nourrissent de la souffrance d’autrui sont souvent sur ce genre de forums : ils y trouvent les proies idéales pour satisfaire leur besoin sadique.
Quant aux personnes qui étaient agressives avec moi sans pour autant être perverses, elles étaient tout de même assez immatures de me dire que je réagissais comme une enfant de 3 ans à qui on refuse un bonbon ou un jouet. Il est évident que le refus de cette prof de me voir pendant les vacances n’était qu’un élément déclencheur, que la surface d’années de souffrances ô combien plus profondes. Mais à l’époque, je ne faisais pas vraiment le lien, car le harcèlement scolaire était encore un sujet tabou, alors je me sentais encore coupable.
En janvier 2011, une petite fille de neuf ans s’est jetée par la fenêtre après que sa nourrice lui ait refusé un bonbon. Va-t-on en déduire que cette petite était très immature et qu’elle s’est suicidée pour l’histoire d’un bonbon refusé ? Non, il faut réfléchir un peu plus loin que ça : cette pauvre gamine était diabétique et devait subir des piqûres d’insuline plusieurs fois par jour, ce qui est déjà terrible à vivre pour un(e) adulte, alors pour un(e) enfant…
Cette histoire de bonbon refusé n’était que l’élément déclencheur d’une souffrance bien plus profonde.
Cette année-là, j’avais déchiré mon passeport pour ne pas partir en vacances. Oui, c’est très mal, je sais, mais je devenais folle de douleur, j’avais des crises terribles. J’avais été consultée à la Maison de Solenn une psychiatre qui m’avait prescrit des antidépresseurs. Cela ne m’aidait pas vraiment. En plus, durant le même mois, ma tante se mêlait de mes affaires et disait à mon père qu’il fallait impérativement que j’aille consulter dans un autre hôpital, à la SalPêtrière, hôpital qu’elle admire. Mais je ne voulais pas. Elle me comparait à son fils : “Charles il s’est ouvert la tête, il fait quoi, il pleure et il dit je veux pas y aller ?”. Comme si un mal de vivre était comparable à un problème physique !
Il n’existe pas de dolipranes de l’âme. Arrivée à l’hôpital, on avait failli m’interner de force, mais j’avais répliqué que j’étais déjà suivie à la Maison de Solenn, alors ils m’avaient laissé partir. Quand j’y repense, j’ai peur, car la section psychiatrique de cet hôpital comportait deux pavillons : l’un pour les enfants de moins de 19 ans, et l’un autre pour les adultes à partir de 19 ans. Ils étaient nommés “Pavillon des enfants” et “Pavillon des adultes”. Exactement comme dans le livre “Le Pavillon des enfants fous” de Valérie Valère !
Effrayant !
Comme je ne pouvais pas partir en vacances avec mes parents et ma sœur, j’avais passé mes vacances chez ma grand-mère. Un de mes cousins, dont j’étais très proche, venait parfois me rendre visite et il me remontait toujours le moral tant il était drôle.
A ma rentrée en 1 ère Littéraire où j’étais passée de justesse, j’avais voulu retourner voir ma prof au collège, comme je le faisais durant mon année de 2nde. Mais l’accès me fût interdit. J’avais alors demandé à une de mes amies qui était encore en contact avec une prof de collège de lui demander les raisons pour lesquelles les lycéens n’étaient plus autorisées à entrer. Alors, cette amie m’avait envoyée le mail de la prof qui lui avait répondu que “certains profs s’étaient plaints de harcèlement”. Encore une fois, j’étais la coupable, une deuxième fois on me virait, on ne voulait pas de moi. Une troisième fois même (je compte le harcèlement scolaire et les profs qui rejetaient la faute sur moi en m’envoyant chez des psys dès la sixième). J’étais persuadée que c’était ma prof qui avait fait le coup, même si elle m’avait affirmée que non. Le comble, elle avait même menti à ma mère. En effet, ma mère n’en pouvait plus de me voir pleurer sans arrêt, alors elle avait téléphoné à ma prof à l’époque. Oui, ma prof avait apparemment donné son numéro de téléphone portable à ma sœur en février 2010, afin que ma sœur la prévienne si jamais l’histoire tournait au transfert affectif… (ça a vachement servi de prévention !)
Et au téléphone, ma prof avait affirmé que non, qu’elle n’y était pour rien, et qu’elle ne me laisserait pas tomber et même qu’elle me téléphonerait de temps en temps. J’avais d’ailleurs oublié de dire que deux mois plus tôt, en juillet, elle avait également dit au téléphone à ma sœur et à une de mes amies au téléphone qu’elle ne me laisserait pas tomber.
Alors, impatiente, j’attendais sans cesse son appel. Mais elle ne m’appelait jamais. Jamais. Alors, je le vivais très mal, je me scarifiais de plus en plus, je pleurais, j’étais très mal. De plus, mon père continuait d’être parfois violent psychologiquement avec moi.
J’étais très jalouse des enfants de ma prof, notamment de son fils qui était à l’époque scolarisé dans le même lycée que moi et que je voyais très souvent. Je le voyais d’ailleurs souvent aux côtés de ma prof en voiture, car elle l’accompagnait au lycée, et ça me détruisait. Mais le plus destructeur, c’était son attitude, le fait qu’elle me dise qu’elle ferait des choses qu’elle ne faisait au final jamais, comme me téléphoner par exemple. Si elle ne voulait pas le faire, elle n’aurait jamais dû dire qu’elle le ferait. J’avais dû être hospitalisée à la Maison de Solenn.
Puis, comme elle habite tout près de chez moi, j’ai continué à la voir dans la rue, sur le marché. Au début, cela se passait plutôt bien, même si j’étais toujours mal au fond de moi. Mon père était toujours violent, les carences affectives toujours fortes.
Nouvelle hospitalisation en juillet 2012 à la Maison de Solenn. Cela s’était plutôt bien passée, j’y avais même rencontré une fille géniale avec qui nous avions fait de grosses conneries et nous avions eue de bonnes rigolades. De biens meilleurs souvenirs que lors de ma première hospitalisation, même si j’avais eu beaucoup de moments difficiles puisqu’il ne s’agissait hélas pas d’une colonie de vacances, mais bien d’une hospitalisation.
Mais j’étais détruite intérieurement, je n’avais plus envie d’aller en cours. Refusant de partir en vacances, j’avais à nouveau passé les vacances chez ma mamie et mon cousin venait me rendre visite quelques fois. Ces moments passés avec eux étaient supers, malgré la souffrance que je ressentais alors.
Septembre 2012. Je ne voulais plus aller au lycée. J’étais censée redoubler ma 1 ère Littéraire, puisque je n’étais quasiment pas allée en cours l’année d’avant. En effet, je n’avais pas supporté que ma prof refuse de me voir pendant les vacances d’une manière très brutale et qu’en plus elle se plaigne de harcèlement pour ne plus me voir (et tout ça en devant voir son fils au lycée). Je n’en pouvais plus, je ne voulais plus. Ma prof me disait quand même qu’elle voulait impérativement que je retourne en cours, qu’il fallait à tout prix que je passe mon BAC etc. Mais je ne voulais pas….
Le 27 septembre 2012, ça a été l’horreur. J’avais envie de la voir, et pour la première fois, elle m’avait menacée en me disant “ça commence à bien faire que tu me suives partout, alors maintenant soit tu cesses, soit j’appelle tes parents et je porte plainte !!”
J’étais détruite. Je m’étais scarifiée jusqu’à en pisser le sang, j’avais déchiré des livres, cassé des objets, même des objets auxquels je tenais le plus. J’étais en plus sous antidépresseurs, ce qui me donnait parfois de fortes pulsions suicidaires. Ce jour-là, j’avais failli me foutre par la fenêtre, mais ma mère m’avait retenue. J’avais dit des horreurs à mon père qui s’était une fois de plus acharnée sur moi. J’ai même honte d’écrire ce que je lui avais dit tellement mes mots étaient d’une violence inimaginable. J’étais dans un état second. Je me rebellais, je me vengeais, j’extériorisais les années de souffrances qui étaient restées silencieuses durant tant de temps. La cocotte minute explosait.
Puis, ça s’est calmée, car ma prof était redevenue gentille avec moi et m’avait même dit un jour de novembre 2012 que je pourrais revenir la voir de temps en temps. Hélas, le 8 décembre 2012, un mois seulement après avoir été très gentille avec moi, elle m’avait à nouveau violemment rejetée, en me hurlant dessus : “ça fait QUATRE ans que ça dure, QUATRE ans que tu me suis, si tu continues je porte plainte !!!”, je lui avais demandé “Mais ça ne vous fait jamais plaisir de me voir ?” et elle m’avait répondu : “Non, parce que moi je préférerais que tu ailles bien et que tu continues tes études”. Je lui avais demandé si elle n’avait pas envie de me voir, elle m’avait répondu : “Non, je veux pas te voir, comme ça c’est clair ! Je vais faire un scandale, là tu veux ? J’en suis capable” (sur le marché).
J’étais terriblement honteuse, j’avais envie de mourir, mourir, mourir, j’étais une fois de plus une sous-merde qui ne valait rien.
D’ailleurs, j’ai avalé 29 comprimés de Xanax tellement je n’en pouvais plus. Qu’est-ce que c’était bien, je dormais et ne ressentais plus aucune souffrance. Je m’étais réveillée à l’hôpital, parce que suite à cela, on m’avait enfermée chez les fous !
Oui, j’avais 18 ans, alors comme j’étais majeure, on m’avait internée de force dans l’hôpital psychiatrique pour adultes de ma ville. Mais à l’intérieur, il n’y avait que des patients très âgées, on se serait cru en gériatrie ! Et le pire, c’est qu’ils n’étaient pas du tout lucides. Certains levaient les yeux au ciel, ne comprenaient rien à ce qu’on leur disait. Il y avait aussi un handicapé en fauteuil roulant qui bavait et tournait de l’œil (il ne faut pas mal interpréter mes propos, je n’ai rien contre les handicapés, mais je ne comprenais pas ce que je foutais avec ce genre de personnes). Les autres patients me faisaient très peur. J’ai d’ailleurs appris peu de temps après que dans un service voisin de ce même hôpital, il y avait eu un viol et même un meurtre seulement deux ans avant mon internement !
On m’avait également attachée et surtout, droguée de neuroleptiques (50 gouttes de Tercian) jusqu’à ce que je m’évanouisse dans les couloirs et fasse les pires malaises de ma vie entière : vertiges, vision extrêmement floue, écroulement dans les couloirs à deux reprises… je pouvais à peine me lever de mon lit pour me rendre aux toilettes, car à peine me levais-je que les vertiges reprenaient !)
L’horreur. On m’avait également retiré mon téléphone portable, je n’avais le droit à rien, sauf aux visites, le seul point positif dans cet enfer innommable (mais il faut hélas savoir que dans certains hôpitaux psychiatriques, même les visites sont interdites et c’est parfois encore pire que l’enfer que je décris).
Mon père s’était pour la première fois montré indulgent avec moi et s’était longuement entretenu avec le médecin afin de me faire sortir au plus vite de cet asile de fous. Ce médecin m’avait confiée que si j’étais encore là 15 jours après le début de mon hospitalisation, je devrais passée devant un Juge. Oui, devant un Juge !!! J’étais, une énième fois de plus, LA coupable qui allait devoir subir un nouveau procès.
Heureusement, j’avais pu sortir avant, je ne crois pas que j’aurais supporté de passe devant un Juge : soit je me serais suicidée, soit je serais réellement devenue complètement folle. Quatre jours dans cet asile de fous, c’était déjà beaucoup trop. Lorsque j’étais sortie, le médecin m’avait confié : “J’espère que ça vous a servi de leçon, car si récidive, vous resterez un mois et demi voir plus”, comme si j’étais encore une fois, une odieuse criminelle qui retournerait en prison si elle osait récidiver son horrible crime…
Quoique, même la prison peut être mieux, car même si j’évite de me prononcer sur le sujet et évite donc de comparer puisque je ne connais pas cet univers, je sais tout de même que les prisonniers ont le droit de sortir s’aérer. Or, dans cet hôpital, on ne pouvait pas : même pour les fumeurs, ils devaient fumer non pas dehors, mais dans une salle spéciale à l’intérieur de l’hôpital.
Un jour, j’avais eu mal à la tête et on m’avait refusé un simple Doliprane, soi-disant car il n’était pas prescrit par le médecin. En revanche, ils n’hésitaient aucunement à me droguer de neuroleptiques qui me transformaient en légume et grâce auxquels j’avais fait les pires malaises de ma vie, quelle logique !
D’ailleurs, j’avais été internée dans cet hôpital car j’avais avalé 29 comprimés de XANAX… Mais à l’hôpital, ils me droguaient d’un poison encore plus fort avec des effets 1 000 fois plus dévastateurs !! La logique de ce monde de fous ? …
La psychiatre me disait que ça m’apaiserait. C’est sûr que je n’ai jamais été autant apaisée de ma vie qu’en voyant horriblement floue, qu’en étant incapable de tenir debout, qu’en ayant d’effroyables nausées et jusqu’à m’évanouir dans les sombres couloirs d’un sordide hôpital psychiatrique digne du moyen-âge…
Les infirmières avaient mis ça sur le compte de ma mauvaise alimentation. De 1, c’était faux, car même s’il était vrai que je m’alimentais peu, je mangeais quand même. De 2, j’avais déjà jeûné plus de deux jours sans faire le moindre malaise. Encore la semaine dernière, j’ai fait un don du sang en ayant mangé qu’un seul carré de chocolat avant le don, et je n’ai pas eu le moindre malaise. Bref, ils inventent tout et n’importe quoi pour se dédouaner de leur responsabilité et abuser de leur pouvoir d’autorité.
C’est d’ailleurs pour ça que le directeur de l’hôpital avait porté plainte contre France 2, une chaîne ayant diffusé en 2010 un reportage en caméra caché sur la barbarie de cet hôpital psychiatrique. Le directeur avait attaqué France 2 pour diffamation, en disant que la réalité était tout autre. Pour y avoir été réellement internée, je peux hélas confirmer que tout ce qui est dit dans ce reportage est bel et bien vrai.
Bref, j’avais passé Noël 2012 enfermée dans un hôpital psychiatrique et transformée en légume à coups de neuroleptiques. Super cadeau…
Quelques semaines après ma sortie, ma prof était redevenue hyper gentille avec moi. En février 2013, je lui avais même offert un livre que j’avais écrit et ça lui avait fait plaisir. J’étais mieux. Hélas, début octobre 2013, tout est allée de plus en plus mal. Sans aucune raison, elle m’avait à nouveau rejetée. Elle m’avait dit “je te dis bonjour, ça s’arrête là. Tu as une famille”. J’étais une fois de plus détruite, d’autant plus que le moment n’était pas du tout idéal pour me dire ça : j’étais en train d’assister à la déchéance de ma mamie adorée, intubée de partout à l’hôpital et qui souffrait terriblement. Elle est morte deux semaines plus tard, le 30 octobre 2013. J’avais déjà perdu mon Papy en 2005 alors que je n’avais que 10 ans, mais à l’époque, je ne réalisais pas vraiment ce qu’était la mort même si j’étais très triste.
Là, ça avait été pire que tout. J’étais encore plus proche de ma mamie, j’avais passé toute ma vie avec elle, toute mon enfance. Et en plus, j’étais déjà en profonde dépression. J’ai en plus eu l’impression de perdre ma mamie deux fois, parce que nous avons dû vider son appartement. Toutes les pièces où j’avais passé toute mon enfance étaient entièrement vides et saccagées. Je n’arrêtais pas de pleurer, c’était vraiment horrible et aujourd’hui encore, je suis incapable de retourner ne serait-ce que dans sa rue. J’ai plongé, j’ai sombré.
Premier Noël sans elle, l’enfer. J’avais passé tous les Noël de ma vie avec elle. Elle me manque terriblement.
Puis, début 2014, ma prof était par miracle redevenue gentille avec moi. En 2014, elle ne m’a jamais rejetée, alors j’arrivais à tenir, même si j’étais malheureuse. Mais une nouvelle horreur est arrivée fin décembre 2014.
Mon cousin, celui qui venait me voir chez ma mamie durant les vacances d’été 2011 et 2012 et avec qui je partageais tout (cinéma, restaurants, fêtes foraines, Palais de la Découverte, Disneyland, musées et même piscine) a soudainement attrapé une maladie mortelle avant de disparaître tragiquement 19 jours plus tard, à l’âge de seulement 42 ans. Il s’est envolé à jamais le Samedi 27 décembre 2014 à midi, nous laissant dans une souffrance indescriptible. Je l’aimais tellement (et l’aime toujours d’ailleurs, la mort n’arrête pas l’amour).
Nous passions des heures au téléphone à rire, on jouait à tant de jeux, on se marrait, on pouffait de rire jusqu’à quatre heures du matin quand il venait me voir, comme avec un meilleur pote ou un frère, oui on avait presque une relation fraternelle. La douleur qui m’a frappée a alors été innommable. Je n’ai aucun moment pour la décrire. Ses parents sont toujours vivant et ont perdu leur fils unique, c’est un terrible malheur. Il vivait d’ailleurs toujours chez sa mère qui s’est retrouvée seule et est anéantie depuis le drame.
On a retrouvé plein de bouteilles d’alcool vides dans sa voiture. Apparemment, il noyait son chagrin dans l’alcool car beaucoup de gens le jugeaient sur sa situation : il était au chômage et vivait toujours chez sa mère à 42 ans. Il aurait dû avoir 45 ans le 15 juin dernier, mais au lieu de l’appeler pour lui souhaiter son anniversaire, j’ai ressenti son absence immense. Lui aussi m’a en quelques sortes laissé un testament afin d’éveiller les consciences : il était peut-être au chômage, mais en dehors de ça il avait énormément de qualités. Il était intelligent, généreux, gentil et surtout immensément drôle. On ne pouvait que rire avec lui, et je ne dis pas ça uniquement parce qu’il est parti, mais parce que c’est la réalité. On avait tout le temps des fous rires. La valeur d’une personne n’a aucun rapport avec son statut social.
Sa maladie mortelle : “une pancréatite aiguë sévère”, hélas souvent due à une consommation excessive d’alcool et à une mauvaise alimentation.
Quand il est parti, j’étais déjà en deuil de ma mamie parti un an plus tôt. Cela a donc été une double horreur. J’avais 20 ans, soi-disant le plus bel âge de la vie, l’âge où les jeunes font la fête entre potes pour le nouvel an. Non, ça restera à jamais l’un des pires, l’âge où j’ai vécu une affreuse tragédie. Je hais Noël et le jour de l’an à jamais.
Déjà, depuis que j’ai pris conscience de l’horreur que l’on fait subir aux animaux, je hais cette fête censée représenter l’amour et l’espoir et où les gens se gavent de foie malades d’animaux torturés (etc), je ne vois que de la torture sur les tables.
Puis, en 2012, j’ai passé Noël enfermée dans un sordide hôpital psychiatrique.
Puis, en 2013, j’ai passé mon premier Noël sans ma mamie partie deux mois avant, c’était terrible.
Et en 2014, mon cousin dont j’étais très proche meurt brutalement pile entre les fêtes de fin d’année ! … un mois avant, on était allés au cinéma ensemble et il allait très bien. La mort peut vraiment frapper n’importe qui à tout moment, c’est effrayant.
L’année 2015 a donc été une torture. Il me manquait atrocement. Et puis, ma prof m’avait à nouveau rejetée en me croisant un jour dans la rue et en me disant qu’elle n’avait rien à me dire. Mais un mois plus tard, elle m’avait sourit et dit de passer de bonnes vacances en Corse. Oui, car j’avais besoin de partir ailleurs pour une fois, j’étais trop malheureuse ici. Malgré mon atroce souffrance, mes vacances s’étaient plutôt bien passées.
Ma prof était redevenue gentille avec moi… Jusqu’à ce qu’elle me rejette à nouveau le 9 avril 2016. Elle m’avait dit “J’ai pas envie de te parler, tu viens me voir je te dis bonjour c’est tout”.
Le 21 mai 2016, je n’avais pas pu résister et étais retournée la voir. Elle m’avait alors dit Bonjour. Je lui avais dit “Bonjour, vous allez bien ?” et elle m’avait répondu : “Non, je t’ai dit bonjour, j’ai rien à te dire !”
J’avais alors dit : “Pourquoi vous voulez pas me parler ?” et elle m’avait répondu “Arrête, ça va mal se terminer, je vais porter plainte”.
Depuis cette merveilleuse réponse digne d’un grand philosophe, j’ai incroyablement bien compris les raisons de son rejet dévastateur…
Après, j’étais tellement mal que je m’étais assise par terre dans la rue la tête entre les mains, et elle était passée devant moi en m’ignorant totalement : elle confirmait une fois de plus que mes ex-harceleurs d’il y a 10 ans avaient raison, que je ne suis qu’une sous-merde. Un déchet assis par terre devant lequel il faut passer en l’ignorant, en le rejetant.
Je suis sûre qu’elle a cru que je m’étais assise par terre dans la rue pour attirer son attention et qu’elle ne voulait donc pas entrer dans mon “jeu”, qu’elle a cru que c’était du chantage. Mais ce n’était pas le cas, je souffrais réellement. Et s’il y en a une qui joue très bien la comédie parmi nous deux, c’est elle. Elle avait l’air tellement sincère quand elle me disait qu’elle tenait à moi et qu’elle n’aimait pas me voir souffrir, que jamais on aurait pu croire qu’elle deviendrait aussi insensible. J’aurais préféré qu’elle me rejette directement, qu’elle me frappe plutôt que ça.
Lors de ma première année de troisième, j’avais écrit une blague en cours et l’avais lancé à un autre élève. Un des très rares moments où je m’étais amusée cette année-là. Le prof m’avait surpris, avait lu ma blague et avait dit devant la classe entière : “Tu fais genre que t’es malade, mais apparemment t’es pas si malade que ça puisque tu balances des blagues”.
Je l’avais très mal pris (d’ailleurs, ce prof a été viré suite à de nombreuses plaintes et tant mieux…). Certes, qu’il me sanctionne car j’avais écrit une blague est compréhensible, mais de là à tenir de tels propos, ce n’est pas acceptable. Néanmoins, aujourd’hui je me moque totalement de lui. Alors, oui, même si ce qu’il avait fait est indigne, j’aurais préféré que ma prof agisse comme lui plutôt que de me faire miroiter durant tant d’années.
Un jour, sur un forum, on m’a dit : “Sa réaction est compréhensible. Elle a voulu t’aider, elle a été gentille, mais elle est dépassée et ne sait plus quoi faire. Si un jour tu donnes un euro à un SDF et qu’ensuite il te demande sans cesse de l’argent, ce sera de ta faute et ce sera même de ta faute s’il est dehors ! ça te semble aberrant ? C’est pourtant exactement la logique que tu utilises”.
Non, ce n’est pas du tout la logique que j’utilise, car je donne souvent de l’argent aux SDF et ce sont pour moi de purs inconnus. Je ne passe pas environ 20 minutes chaque semaine avec eux (ce qu’a fait ma prof durant plus d’un an), je ne leur dis pas que je tiens à eux, que je ne les laisserais pas tomber durant des années avant de les rejeter comme des merdes. Je ne le dis pas non plus à un de leur ami, à leur mère et à la sœur (ce qu’a fait ma prof, enfin mon ex-prof, mais je dis toujours ma prof car ça va plus vite). Je ne les appelle pas au téléphone, je ne leur dis pas qu’ils peuvent venir me voir de temps en temps pour ensuite les envoyer bouler. Je ne leur dis pas que je vais porter plainte, pour ensuite redevenir hyper gentil avec eux, et pour ensuite les re-menacer de porter plainte (ce que fait ma prof). Etc, la liste est longue…
La comparaison n’a donc aucun rapport.
Oui, je veux bien comprendre qu’elle ait été dépassée et d’ailleurs je ne remets absolument pas la responsabilité de toutes mes souffrances sur elle, je reconnais également mes torts. Néanmoins, je trouve son attitude à mon égard abjecte et injuste. Elle refuse carrément de me donner des explications à son rejet, je n’ai donc pas le moyen de me défendre, pas le moyen de comprendre. Sa seule explication est “je vais porter plainte”… ce qui me fait une fois de plus passer pour la coupable.
En tant que prof, elle donne aussi raison à mes ex-harceleurs, puisque c’est moi qu’elle menace de porter plainte. En fait, ses rejets me rappellent sans cesse le harcèlement scolaire. Un jour, elle m’avait même rejetée sous-prétexte que je ne parlais pas suffisamment : c’est la raison pour laquelle j’avais été harcelée durant plus de deux ans.
Désolée pour le long pavé et d’avoir raconté ma vie, mais je pense que mon histoire est essentielle afin que les gens prennent conscience que la majorité de mes problèmes actuels (hormis les décès familiaux) sont dû au harcèlement scolaire : la dépendance affective, les crises d’angoisse, les hospitalisations en psychiatrie, toutes ces histoires de transferts affectifs avec les profs qui me bousillent la vie depuis près de neuf ans sont les conséquences du HARCELEMENT SCOLAIRE.
Aujourd’hui, je n’ai pas parlé à ma prof depuis plus d’un an, car je n’ose plus aller la voir, je ne crois pas survivre à un prochain rejet, car ses rejets me donnent des idées noires. En tant que prof, elle ne militerait donc hélas pas bien contre le harcèlement scolaire puisque chaque fois qu’elle me rejette, c’est pour moi comme si elle donnait raison à mes ex-harceleurs de me rejeter, de m’exclure.
Quand j’étais petite, j’étais excessivement timide et on me disait souvent : “Pourquoi n’oses-tu pas aller parler à untel ? Il / elle ne va pas te manger !”
Aujourd’hui j’ose et je me fais manger, rejeter. Alors, je me dis que j’avais peut-être raison de ne pas oser quand j’étais petite.
Sur les forums et avec les psys, j’ai tourné en rond durant des années, car je ne parlais que du transfert affectif avec mes profs et des rejets que je subissais. Même ma famille ne comprenait pas pourquoi je vivais une telle dépendance affective. Et puis, un jour, hélas Marion et tant d’autres se sont suicidés. Ils ont brisé la loi du silence. J’ai réalisé que mes transferts affectifs n’étaient que le reflet d’une atroce souffrance restée silencieuse durant des années.
Comment être insultée, frappée, brimée, rejetée, exclue durant plus de deux ans sans aucune conséquence ? C’est impossible.
Le harcèlement scolaire peut aller jusqu’au suicide. Mais lorsqu’il ne va pas jusque-là, il peut dans beaucoup de cas détruite quand même des victimes à vie.
Il fait d’ailleurs plusieurs victimes : non seulement la victime elle-même, mais également sa famille, car avoir un proche décédé ou un proche dépressif est terriblement destructeur.
Comme le dit Nora Fraisse : “La vie trouée de chagrins. La vie que nous allons tenter de rendre digne et belle pour Clarisse, pour Baptiste. Oui, bien sûr. Mais la vie sans toi, Marion. La vie sans toi. On a pris perpète.”
On est privé(e) à perpétuité de la présence d’un être cher, ce qui est pour moi l’une des pires douleurs au monde. J’ai d’ailleurs sans cesse peur de perdre à nouveau un proche et je n’y survivrai pas si une telle tragédie arrivait à nouveau.
Malgré l’atroce souffrance souffrance, Nora Fraisse est néanmoins très courageuse. J’adore notamment sa très belle phrase : “Marion, même si ton cœur ne bat plus, le mien bat et combat pour toi”. C’est magnifique.
J’essaie de faire comme elle, mes proches qu’il me reste me permettent de tenir le coup, mais je ne sais pas si j’y arriverai, car la souffrance reste très forte.
Je n’ai plus aucun statut social (ni études ni travail), ça fait plus de cinq ans que je ne fais rien, je n’en ai plus la force et même plus l’envie. Si j’ai des buts dans cette vie, ils sont non conventionnels : à savoir faire de la prévention contre le harcèlement scolaire, contre la pancréatite aigüe sévère en hommage à mon cousin parti trop tôt, sauver des vies en faisant don de mon sang à sa mémoire et à celle de ma mamie qui a très longtemps survécu grâce aux dons de sang bénévoles, militer pour la fermeture des abattoirs, aider des associations de défense des animaux en leur donnant de l’argent, en déposant des tracts dans la rue, les transports en communs et les réseaux sociaux pour éveiller les consciences. Pourquoi pas écrire un ou plusieurs livres pour m’aider à tout ça…
Voilà, ce sont mes seuls objectifs, qui sont déjà difficiles à réaliser quand on souffre même s’ils ne sont pas conventionnels…
J’espère que mon histoire fera prendre conscience aux gens de la gravité du harcèlement scolaire.
Une jeune fille de 22 ans
Auteur/autrice
Je l’ai lu en plusieurs fois, ton témoignage est vraiment difficile à lire, surtout moi qui suis jeune maman.
Ce sont des projets humanitaires donc plutôt très honorables que tu as là … je te souhaite de les réaliser. Pourquoi pas travailler pour une de ces associations ?
Effectivement, écrire un livre t’aiderait sûrement …
Bonne continuation, pense à toi maintenant 🙂
Maud