11 septembre 2001. 16h10. Je suis sortie du collège depuis 10-15 minutes, je marche pour rentrer chez mes parents et comme d’habitude, j’allume mon ordinateur pour aller papoter avec mes copines et la télé pour regarder Hartley Coeur à Vif. Bizarrement, ce jour-là, il y a autre chose à la télé. Je regarde, et je comprends vite que c’est la même chose qui tourne en boucle. Je monte le son, et je découvre le terrorisme, Al Qaïda et les attentats-suicides. Je dois dire qu’à cette époque, c’était complètement nouveau pour moi, mais j’ai évidemment tout de suite compris que ces êtres n’étaient ni juifs, ni musulmans, ni blancs, ni noirs, ni arabes, ni européens. Il s’agissait de terroristes, uniquement de terroristes.
16 novembre 2015. 21h30. Cela fait trois jours que Paris a été la cible d’attaques terroristes où de nombreux jeunes ont perdu la vie. Cela fait trois jours que je laisse défiler les chaînes d’information en boucle, que je scrolle mon application Le Monde et que je scrute la moindre actualité. Je me sens d’autant plus concernée car je m’identifie complètement à ces victimes qui profitaient, qui buvaient un verre, qui riaient, qui dînaient entre potes, qui kiffaient en concert. Et je me sens concernée parce que ces barbares, ces individus dénués de bon-sens ont aussi mon âge. Ils sont nés en 1984, 1987, 1989 … Ils ont grandi dans le même monde, et eux aussi faisaient partie de ces adolescents qui rentraient du collège quand ils ont découvert les attentats du 11 septembre … Et depuis, pourquoi eux ont-ils choisi d’être de l’autre côté ? Comment peut-on envisager son avenir au sein d’une organisation terroriste ? Comment des jeunes de 25 ans ont pu tuer d’autres jeunes de 25 ans, de sang froid ? Je crois profondément en l’humain et en son évolution, mais pas dans cette forme-là. Comment une idéologie peut-elle mener à des comportements si irrationnels ? Comme chaque fois, je me pose beaucoup de questions qui restent sans réponses. En janvier, sur mon compte instagram, je citais la célèbre phrase de Primo Lévi : “Si la comprendre est impossible, la connaître est nécessaire, parce que ce qui est arrivé peut recommencer, les consciences peuvent à nouveau être déviées et obscurcies : les nôtres aussi.”. J’ai visité en terminale le Musée de la Déportation à Lyon. A la sortie était distribué ce texte dans sa globalité. Je l’ai longtemps scotché juste à côté de mon lit, comme pour me rappeler que nous pouvons tous devenir de mauvaises personnes. Seules l’éducation et l’information permettent de s’élever. J’ai beaucoup lu pour m’éclairer sur ces “idéologies terroristes”, notamment les ouvrages de Samuel Laurent, mais j’ai toujours beaucoup de mal à voir comment, avec notre niveau d’information et d’éducation, en France, des individus peuvent encore être endoctrinés à un tel niveau.
Depuis samedi, ma bougie est toujours là, signe d’espoir. Et samedi soir, comme hier soir, comme ce soir, je pense aux Parisiens, aux Français, mais aussi aux populations irakiennes, syriennes, maliennes, nigériennes, libyennes, afghanes qui subissent l’islamisme radical, la violence et ces massacres effroyables au quotidien. J’ai aussi envie d’avoir espoir qu’ils puissent vivre en paix et que nous puissions tous connaître un monde géopolitiquement plus stable et humainement plus sensé.
Face à de telles atrocités et face à l’inhumanité de ces idéologistes, la meilleure réponse est de leur montrer que la solidarité et l’union sont toujours là pour soutenir notre démocratie, nos valeurs et notre liberté. Soyons juste là, solidaires, unis, et savourons chaque seconde le bonheur d’être vivant. J’ai envie de continuer à sourire, de vivre, de profiter, de sortir, de boire des coups, de voir des spectacles, de faire des soirées … de tout simplement continuer de faire partie de cette génération cool et insouciante qui aime se sentir vivante. Et ça, personne ne nous l’enlèvera.
Avec toujours une pensée pour chacune de ces victimes, chaque jour.
Paris, “Fluctuat nec mergitur”
Très beau Maudinette !!!!